Hier, l’ensemble des conseillers régionaux de Provence-Alpes-Côte d’Azur étaient réunis pour une assemblée plénière extraordinaire consacrée à la nécessaire solidarité envers les réfugiés. Nous avons ainsi débloqué trois millions d’euros en faveur de leur accueil.
À la lumière des débats, je voudrais revenir sur quelques points.
Tout d’abord, il faut rappeler que la région n’a pas attendu les drames récents pour agir envers celles et ceux qui en ont besoin. La région lutte contre la grande pauvreté en soutenant les grandes associations de solidarité, les épiceries sociales, les banques alimentaires. Nous soutenons les sans-abris en finançant le logement d’urgence, en développant l’accès au logement décent pour les publics en difficulté.
La solidarité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur n’est donc pas une nouveauté. Nous nous inscrivons dans une continuité politique quand nous permettons, par exemple, à des étudiants réfugiés de poursuivre leurs études. Nous assumons nos responsabilités en permettant à ces personnes d’être accueillies dans la dignité. Et parce qu’elles sont assez invisibles dans les médias, je pense aux femmes, qui, bien souvent, sont parmi les premières victimes dans les pays en guerre. L'association Élues contre les violences faites aux femmes note ainsi dans un communiqué paru aujourd'hui que « ces femmes [ont été] pour beaucoup d'entre elles victimes de persécutions, de violences sexistes et/ou sexuelles de viol de guerre ».
Mais avec cette politique d’aide, la région PACA s’inscrit aussi dans une continuité historique. Je ne sais pas si les interventions des élus FN hier, notamment celle de M. Mesmay, sont le fruit d’une profonde ignorance historique ou d’une volonté de tromper nos concitoyens, mais il faut le dire : oui, notre région est une région d’accueil. L’accueil de celles et ceux qui fuient la misère et les persécutions fait partie de notre histoire. Par le passé, Arméniens fuyant le génocide, républicains espagnols échappant au franquisme, Pieds-Noirs en 1962 ou encore Algériens fuyant la guerre civile — pour ne citer que quelques exemples — ont trouvé refuge dans notre région. Je pense aussi aux Justes de notre région qui ont accueilli et sauvé les Juifs persécutés.
Cet accueil, ces accueils, c'est notre histoire, notre fierté, notre identité.
Bien sûr, à chaque fois qu’il s’est agi d’aider, les haineux ont fait parler d’eux et attiser les peurs.
Ainsi Marine Le Pen compare maintenant l’arrivée de réfugiés aux « invasions barbares » du IVe siècle. Cela pourrait presque faire rire si ce n'était si grave. D'abord parce que le terme d’« invasion » est depuis plusieurs décennies remis en cause par nombre d'historiens ensuite la France n’existait pas à l’époque, évidemment, mais en plus nous portons encore le nom d’un de ces « envahisseurs » visiblement pas si « barbares » : les Francs. Bref, l’histoire de notre pays est depuis toujours une histoire de migrations.
Mais Marine Le Pen n’est malheureusement pas la seule à tenir des discours racoleurs et faux sur la question : une partie de « Les Républicains » semble vouloir lui emboiter le pas.
Par exemple, vendredi dernier lors d’une réunion publique, j’ai dû m’élever contre le maire d’Aubagne (LR) qui prétendait ne pas pouvoir accueillir de réfugiés en raison des familles en attente de logements sociaux (2 000 dans sa commune nous dit-il). Rappelons que la France s’est engagée à accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans (moins de 0,04 % de la population française) alors que notre pays compte environ 36 000 communes. Même pas une personne par commune ! Affirmer qu’ils « prennent la place » des familles en attente de logements ou de prestations sociales (auxquelles ils n’ont d’ailleurs pas droit à leur arrivée) est donc entièrement faux. Laisser penser cela, opposer les populations les unes aux autres est mensonger et irresponsable quand on est maire.
Et que dire des autres élus tels MM. Ciotti et Estrosi, Mme Joissains ou encore M. Leonelli hier au conseil régional…
L’histoire a donné tort aux vendeurs de peurs et de haine. Elle leur donnera tort aujourd’hui encore : être français, être patriote et républicain c’est être fidèle à l’identité de notre région et donc répondre à notre devoir d’accueil et de solidarité.