La proportion de femmes élues dans notre Parlement met la France au bas des classement mondiaux : l'Assemblée nationale
élue en 2007 compte 81,5% d'hommes. Et en 2012, l'UMP se permet de présenter seulement 28% de femmes candidates ! (Pour rappel, le Parti socialiste a investi 45% de femmes.)
J'ai donc bien sûr signé la tribune "Liberté, Égalité, Parité, toujours !" publiée aujourd'hui dans
Mediapart à l'initiative d'Osez le féminisme ! et du Réseau féministe Ruptures et qui propose notamment de véritables sanctions financières des partis refusant la parité et
la limitation du cumul des mandats. Je vous propose d'en faire autant sur le site parite2012.fr.
Voici le texte de cette tribune :
Liberté, Egalité, Parité,
toujours !
Nous ne devrions pas avoir à écrire ni à signer ce texte. Les femmes n’ont-elles pas les mêmes droits civiques –
celui de voter et d’être éligible- que les hommes depuis 68 ans déjà? Des lois dites de parité n’ont-elles pas été votées dès 1999, première mondiale érigeant en principe le fait de favoriser
l’égal d’accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives ? Et ne vient-on pas de nommer le premier gouvernement paritaire de la 5eme République? Alors comment se fait-il que le pouvoir
soit en fait toujours aussi viril ?
L’exclusion des femmes demeure une réalité dans les instances de pouvoir: l’Assemblée nationale élue en 2007
lors de dernières législatives était à 81,5% masculine. Depuis 1988, sur les 577 circonscriptions, 413 n’ont envoyé aucune femme à l’Assemblée. Cette année, l’UMP n’a investi que 28% de femmes
candidates aux législatives. Le classement de notre pays concernant la proportion de femmes parlementaires empire avec les années : la France est aujourd’hui à la 69eme place au niveau
mondial.
Cette exception française et cette résistance de l’Assemblée Nationale, – institution pourtant emblématique de la
démocratie représentative – incarne le fait qu’au-delà des équations individuelles, l’inertie d’un ordre sexué perdure. Celui-ci puise ses racines dans notre histoire, y compris
démocratique : la citoyenneté à la française pensée par les Lumières fait encore de l’ombre aux femmes qui ont été exclues d’un universalisme en réalité masculin. Leur sexe faisant d’elles
des êtres d’instinct plus que de raison, elles ont été exclues de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, du suffrage universel, du Code civil… Il nous reste encore à mener un
travail de désacralisation de ces principes, entamé par les mouvements féministes pro-parité des années 90.
En conséquence, le monde politique se caractérise encore aujourd’hui par un sexisme ordinaire, parfois inconscient.
L’inclusion des femmes, telle que nous venons de le voir au sein du gouvernement, n’est ainsi pas contradictoire avec la persistance de leur exclusion du pouvoir. Elle s’exprime par la
désignation de candidates dans des circonscriptions « difficiles », voire « ingagnables », par les délégations qui leur sont confiées mais aussi par le fait qu’elles
sont plus souvent choisies pour leur cumul de différence (sexe, origine réelle ou supposée, âge, affiliation associative, etc.). Nous appelons à la vigilance pour que les usages de la parité ne
conduisent pas à une révolution conservatrice assignant les femmes à leur-s différence-s, mais à une déconstruction de l’ensemble des inégalités.
Enfin, cette mandature se clôt sur des tentatives de remise en cause de la parité. En atteste la réforme
territoriale, qui, en remplaçant les conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux élus au suffrage uninominal, le mode de scrutin le plus défavorable à la parité, aura pour
conséquence de faire reculer de manière spectaculaire les progrès accomplis depuis 2000 au niveau des collectivités locales.
Renaît, avec le renouvellement de l’Assemblée nationale, l’espoir de voir la parité progresser de nouveau.
Nous, militant-e-s féministes, nous, candidat-e-s aux législatives, nous, universitaires, nous voulons participer à l’ouverture d’une nouvelle ère de la parité. Pour y parvenir, nous défendons un
renforcement des lois dites sur la parité. Afin que la sanction financière ne soit pas qu’incitative mais aussi contraignante, nous soutenons une suppression pure et simple de toutes les aides
publiques aux partis qui ne respectent pas la parité des candidatures aux législatives. Afin de lutter contre la professionnalisation et la confiscation de la vie politique, nous défendons une
limitation du cumul des mandats simultanément et dans le temps. Nous nous mobiliserons enfin pour que la constitution « garantisse » et non plus seulement « favorise »
l’égalité, changement sémantique préalable à des mesures plus ambitieuses encore.
La question du partage du pouvoir ultime, le pouvoir politique, est centrale. Remettre en cause le monopole du
pouvoir par la moitié masculine de la population n’est ni anecdotique, ni l’apanage d’une élite, ni un luxe outrancier en période de crise. C’est questionner le sens de notre démocratie, la place
qu’occupe chacun-e d’entre nous et la manière dont nous voulons vivre et décider ensemble. Toutes et tous ensemble.